Atelier/Images et Mots - Torcy


Les aventures picaresques de Tancrède Vélasquez, théâtre

Les ateliers d'écriture à distance de janvier 2022


Culture et Lien Social avec Patricia Baud et Alain Bellet

Proposition distancielle du 4 février 2022
Sur les pas de René Char /  l’absolu résistant

                                                           






Pourquoi se rendre ?


Oh ! Rencontrée, nos ailes vont côte à côte
        Et l’azur leur est fidèle.
        Mais qu’est-ce qui brille encore au-dessus de nous ?
        Le  reflet mourant de notre audace.
        Lorsque nous l’aurons parcouru
        Nous n’affligerons plus la terre
        Nous nous regarderons.



Poète français, René Char est né au début du xx° siècle (1907) dans le Vaucluse.
En 1929, il monte à Paris et adhère au mouvement Surréaliste où il collabore activement et devient l’ami de Paul Eluard. Il fonde avec celui-ci, Aragon et Breton la revue : “ Le surréalisme au service de la révolution”.
Ses premiers poèmes paraissent aux Editions Surréaliste. Avec plusieurs de ses amis, il attaque frontalement l’exposition coloniale de 1931 “un carnaval de squelettes”.
Ils réclament également “ L’évacuation immédiate des colonies et la tenue d’un procès sur les crimes commis”.
Après un voyage à Berlin en 1933, il signe un tract antifasciste et se détache l’année suivante du groupe en écrivant à Antonin Artaud : “Le Surréalisme est mort du sectarisme imbécile de ses adeptes”, mais il écrit aussi l’année suivante “ j’ai repris ma liberté sans éprouver en revanche le besoin de cracher sur ce qui durant cinq ans avait été pour moi tout au monde”.
Pendant l’occupation, René Char, participe à la résistance, les armes à la main “école de douleur et d’espérance” écrira-t-il.
Les feuillets d’Hypnos (ses notes sur le maquis), dont l’ensemble montre ce que fut la résistance européenne, à ses yeux, face au nazisme.
Ce journal intime non convenu et très approfondi, nous renseigne sur les interrogations aïgues et douloureuses de ses actions et de ses missions.

Biographie d’un poète résistant, extrait :
“Char finit par devenir un rebelle chez les rebelles. Figure de l’insurgé, il lutte contre les dogmatismes, les formatages ou la passivité face à l’atroce. Il devient concrètement ce qu’il a toujours été, un résistant”.
Ses vues très lucides le rapprochent d’Albert Camus qui sera pour lui un grand et indéfectible ami.

Pour Maurice Blanchot, romancier, critique littéraire :

 “ La poésie de René Char est révélation de la poésie, poésie de la poésie, poésie mis en face d’elle-même et rendue visible, dans son essence, à travers  les mots qui la recherchent”.



Bibliographie non exhaustive : Les Matinaux, La bibliothèque est en feu…
Extrait de des Matinaux 

        Joue et dors
        Joue et dors, bonne soif, nos oppresseurs ici ne sont pas sévères.
        Volontiers ils plaisantent ou nous tiennent le bras
        Pour traverser la périlleuse saison.
        Sans doute le poison s’est-il assoupi en eux,
        Au point de desserrer leur barbare humeur….

Première proposition d’écriture
Racontez une brève histoire dont le sujet est un mode de résistance, histoire  fictionnelle ou réellement passée. Quelle que soit la résistance à, ou le mode de résistance…

Au je : j’ai été témoin ou au il : il m’est arrivé de… ou au il : il m’a raconté que…. Au passé ou au présent.

Deuxième proposition
Pour continuer de cheminer avec René Char, nous vous proposons un texte libre et poétique sur un sujet de votre choix.

Troisième proposition
Reprendre l’un des deux titres de poésie ci-dessus  

1) Joue et dors…

2) Pourquoi se rendre

Ces deux phrases d’accroches seront le début d’un nouveau texte.



Je résiste  / Joël Hennequin

 

Je résiste contre :
Les microbes, la maladie en général
Le maintien ou la conquête de la liberté
La bêtise, les méchants, les cons,
La faim, la pauvreté, la méchanceté
Les catastrophes naturelles, le climat
La tristesse, la mélancolie, la dépression
Le deuil, la vieillesse, l'idée de suicide
La trahison, le mensonge, la cruauté, la suffisance
Le désir de faire mal, de pêcher
Le racisme, la pression, les arnaques, l'exclusion
Les personnes négatives
L'alcool, la drogue, les cigarettes, mes pulsions sexuelles
Au système économique et politique en place, à l'injustice

« Je ne veux pas participer à ce modèle de société qui a donné à l'argent plus d'importance qu'à la vie.
Je suis ici-bas pour vivre, je ne suis pas ici pour augmenter le produit national brut »
«  Nous ne vivons pas , nous sommes conditionnés, manipulés, pour n'être que les serviteurs d'un système
 »
                                                                                               Pierre Rabhi


    La vie est par essence une résistance contre le milieu qui nous abrite, pour se nourrir, pour se protéger contre les prédateurs, se loger et contre la vieillesse et la mort inéluctable. Tout le monde a rencontré et rencontrera à un moment de sa vie des événements  le contraignant à résister. Humblement, même si je n'ai pas eu une vie facile à cause de deuils
prématurés, je n'ai pas connu la guerre ,la misère , la faim, le chômage la déportation, le racisme.
Et je suis admiratif, impressionné, interrogateur quand je suis en présence de ces personnes qui ont survécu à l'horreur suprême des camps de concentration, des génocides, des famines, des camps des Khmers rouges, des islamistes radicaux.

     Il y a trente ans j'ai fait la connaissance d'une collègue d'origine cambodgienne, avec qui je suis devenu ami.
Elle était arrivée en France en 1979, avec sa maman et ses deux sœurs, elles avaient réussi à fuir en passant par la Thaïlande. Son père et son frère , arrêtés, et vraisemblablement tués ou victimes des conditions de vie des camps, ils ne l’ont jamais su. Cette personne, était toujours gentille, aimable , travailleuse, calme respectueuse des autres collègues, souriante, cultivée et intelligente.
Mais je percevais quand je lui parlais ou je déjeunais avec elle  à travers cette façade, cette beauté, cette noblesse, une blessure profonde, incompréhension de ce qui fut, du courage oui, mais l'oubli jamais.
Un jour, elle nous invita chez elle à dîner, il y avait sa maman, l’une de ses sœurs, et son oncle. Un climat de confiance s'installa et j'osai les interroger sur ce qu'elles avaient vécues et comment elles pouvaient vivre au quotidien avec ce souvenir. On lui donnera le nom de Fleur de Lotus pour ne pas trahir sa pudeur, son souhait de ne pas en parler, je cite :

 « A quoi sert de raviver la douleur, à quoi sert d'ennuyer les habitants de ce pays qui nous ont accueillis par nos récits d'horreur ? Ce régime s'est installé rapidement et a voulu effacer tout le passé. Nous n'avions pas le choix, ou nous acceptions de les servir, d'aller dans leurs camps de travail, c'était la famine, ou d'essayer de nous sauver.
Résister à la mort physique et intellectuelle. Mon père fonctionnaire du régime précédent s'est rendu pour gagner du temps et nous permettre de nous enfuir, mais les Khmers rouges sont venus rapidement à la maison pour  emmener mes deux sœurs et mon frère, ils ont laissé libre ma maman, et moi j'étais parti  pêcher et j'ai donc échappé à cet enlèvement. Un ami de mon père a prévenu ma maman que les enfants étaient emmenés dans une école, transformée en dortoir dans un village à dix kilomètres. Le lendemain, sans rien dire à ma maman, je suis parti à pied à cet endroit , j'étais l'aîné et j'étais âgé de onze ans. Inconsciente, je me suis présenté à l'entrée de cette école où il y avait des gardiens Khmers rouges devant l'entrée. Et j'ai dit que ma maman était gravement malade et que pour cette raison je venais chercher mes deux sœurs.
Les deux gardiens ont éclaté de rire et ont appelé un homme qui sûrement était un chef. Et là, un miracle incroyable est arrivé. Ce jeune homme, car la majorité des khmers rouges étaient de jeunes adolescents était de notre village et j'avais eu l'occasion de jouer et de pêcher avec lui. Il leur dit « je m'occupe d'elle, elle va rejoindre ses sœurs et on va aller chercher sa mère ». Il m'emmena dans une pièce, puis alla chercher mes deux sœurs, et discrètement, il nous fit passer par derrière le bâtiment et me dit «partez, passez la frontière car vu le passé de ton père, vous n'avez aucune chance, aucun avenir, et je ne pourrai rien pour vous ». A mi-chemin nous croisons un camion rempli de soldats, ils nous demandent : « que faites-vous ici ? Ou allez-vous ? On va vous conduire à l'école du village à côté ou l'on emprisonne pour vous laver le cerveau de ce que vous ont enseigné les anciens dirigeants »…On monte dans leur camion et là, cinq minutes plus tard un nouveau miracle, ils s'arrêtent pour boire dans une maison. L’un des deux soldats qui étaient restés pour garder le camion et nous s'endort, son compère me regarde et me dit : « courez, courez, bonne chance » ! Avant de rejoindre notre village, on se cache derrière une maison car à quelques mètres on aperçoit cinq soldats qui ont mis à genoux à terre un home âgé, une jeune fille et son bébé. Ils frappent l'homme et l’un de ses soldats arrache le bébé des bras de la jeune fille et le jette contre le mur, on aperçoit une tête fracassée et du sang. J'ai évité ce spectacle à ma petite sœur en la serrant dans mes bras et en mettant mes mains devant ses yeux.
Nous sommes partis dans la nuit, et après trois jours de marche la nuit le jour on se cachait, on n’avait rien à manger. A quelques kilomètres de la frontière thaïlandaise, des soldats thaïlandais, déguisés en villageois nous ont aidés à nous faufiler.


    - « Fleur de Lotus, peux-tu me dire comment tu fais aujourd'hui pour être aussi positive, gentille, courageuse ? 
    -Je m'alimente des propos et des actions de gens célèbres qui ont eu des souffrances importantes et qui dans leur résilience sont positifs. Je rêve beaucoup, c'est important de se fabriquer une vie parallèle à la réalité. J'écris, je lis beaucoup, j'écoute souvent la musique que j'aime. Je suis bienveillante avec les personnes que je côtoie et cela me réconforte sur la nature humaine. Je m'abreuve de l'amour de ma maman, une héroïne qui a élevé seule ses trois enfants, sans jamais se plaindre, de mes enfants, de mon mari.

        Trop de soleil fabrique un désert. Dans le chagrin nous découvrons ce qui compte vraiment, dans le chagrin nous nous découvrons tel que nous sommes.

(Sagesse arabe).

 Au plus profond de l'hiver j'ai finalement appris qu'il y avait en moi un invincible été

(Albert Camus)

 Je  dois montrer d'autres chemins pour l'homme, je dois dire que l'espoir, la vie est un défi, fait lui face ! La vie est tristesse , surmonte là ! La vie est une aventure , oses là ! La vie est la vie ,défends là !

(Sœur Thérésa)

 Vue la situation actuelle, tu n'as pas le choix, ou tu fais la gueule, ou tu rêves et tu t'alimentes par tes rêves
    (Zaz)

Arrêter de ressasser le passé, rien n'est inéluctable, on peut souffrir deux fois, par le coup et la représentation du coup, il faut trouver un sens, une rencontre, un lien de parole, pas de solitude, aller chercher ce qui peut m'aider, apprendre la parole, l'écriture pour évacuer. Développer son empathie, je m'ouvre à l'autre et aux autres, le sport. La nuit, j'écris des soleils, je sais maintenant , grâce aux récits intimes de mon for intérieur et aux histoires des enfances fracassées qu'il est toujours possible d'écrire des soleils.
Combien parmi les écrivains, d'enfants orphelins, d'enfants négligés, rejetés, qui tous ont combattu la perte avec des mots écrits. Le manque invite à la créativité, la perte invite à l'art, l'orphelinage invite au roman. Les mots écrits métamorphosent la souffrance. Les bienfaits de l'imaginaire, la puissance du rêve, les pouvoirs de guérison de l'écriture, de la musique, de l'empathie.

(Boris Cyrulnik)

Chanter l'espoir, l'envie de croire, qu'on peut tout réinventer
Alors je joins ma voix encore une fois pour tenir dans l'orage
Je joins ma voix encore pour trouver le courage,
pour supporter les épreuves, pour encaisser les drames.
Chanter, comme à chaque chute, à chaque fois ça s'est imposé à toi comme un instinct de vie, comme un instinct de survie, Chanter pour accepter, exprimer, résister, avancer, progresser, exister
Chanter comme une résilience, une délivrance, une évidence.

(Grand Corps Malade et Louane)

 
Résiste, prouves que tu existes, cherches ton bonheur partout,
Résiste ce monde n'est pas le tien, Bats-toi, signe et persiste
Résiste, Résiste.

(Michel Berger et France Gall)

Mais en Conclusion :  
Est-ce que la voix qu'on aimait tant
Peut finir un jour par se taire
Est-ce que tout ce qu'on n’a pas pu faire
Va se dissoudre dans le temps
Ne reste-t-il que des poussières
Est-ce que tu crois qu'on s'en remet

ON VIT AVEC, ON FAIT SEMBLANT
ON NE S'EN REMET JAMAIS VRAIMENT
C'EST UNE BLESSURE SOUS LA PEAU
Tout ce silence en écho

Zaz

On ne refait pas sa vie, on la poursuit
On fait la fête mais plus comme avant



Résitance / Cécile Hamy
 

Lorsque je me lève, je porte en moi toute la réalité de mes objectifs. 
Je lutte chaque jour pour porter ma carcasse dans un monde où personne ne sait vraiment où il va, hormis les ornières de la société, jusqu'à la fin de sa vie. 
J'adhère aux écovillages et à la propension humaine au partage. Mais soyons réalistes, l'amour n'est pas donné. 
Je ne me révolte plus comme à dix-huit ans. J'ai passé des étapes dans la compréhension de soi et des autres.
Il en résulte que la majorité dit normale n'a rien à envier à des minorités plus en conscience, en adéquation aux valeurs humaines universelles.
Je vois bien en mendiant, qui, du pourquoi du comment, donne ou ne donne pas, inconnus ou passants. 
Devant les vitrines des magasins de verre, je sais que je suis au vu de tous.
Mais du coup, je sais seulement les élans de cœur de certains contre la rancœur des autres ou encore l'impassibilité.
 
Tout existe dans ce monde.

Joue et dors / Alix Duong
 

Joue et dors comme l'eau qui roule, et les gouttes de pluie qui tombent faisant un son musical
Dors comme l'eau d'une source, fluide, claire, silencieuse et paisible sur un temps hivernal
Joue et dors, tel un bébé qui s'éveile aux jeux
Tel un bébé qui s'endort et priant Dieu
Joue et dors, tel un chevalief après son tournoi
S'endort après son tournoi