Proposition d'écriture à distance du 5 et 9 mars 2021

La musique est-elle un voyage intérieur ?

« La musique n’est-elle qu’un art du divertissement, de l’oubli ou de la dépense physique ? Pourrait-elle être un voyage pour nous perdre ou pour nous trouver ?  Vers quels espaces imaginaires, oniriques, mentaux nous projette-t-elle ? À moins qu’elle ne nous assigne une place fixe, celle du consommateur ? »
Dominique Paquet
Autrice dramatique, docteure en philosophie et en esthétique
 
 
« Tandis que le tourisme donne à voir, la musique donne à entendre. Tel est le paradoxe sur lequel se construit la relation entre tourisme et musique. Les festivals jouent un rôle significatif dans le développement touristique des destinations dans lesquelles ils se trouvent… Est-ce que le voyage et la musique sont les mêmes ?
Le voyage ou la destination ne seront pas les mêmes d’un individu à un autre. Le voyage sera conditionné selon le type de musique, les attentes de l’auditeur et surtout sa capacité à l’imagination. Enfin, nous pouvons trouver un lien entre ce voyage imaginaire grâce à la musique et le voyage réel, physique. »
Revue-Espaces
 
 « Entre les sentiments contradictoires, la musique n’est pas tenue d’opter, et elle compose avec eux, au mépris de l’alternative, un état d’âme unique, un état d’âme ambivalent et toujours indéfinissable. 
La musique transporte et retient le musicien dans une sorte de présent éternel où la mort ne compte plus ; mieux, elle est une façon de vivre l’invivable de l’éternité. La musique, même quand elle semble funèbre, comme celle de Chopin, ne me parle pas vraiment de la mort ; la musique ne parle que de la musique. […] 
Comme la poésie, parole enchantée, et comme la peinture elle-même, la musique est toute positivité ; la musique est une parole qui dit oui : c’est une conquête sur le silence et sur le néant. Le charme n’est-il pas vitalité ? Dans la musique s’exprime la puissance du charme, qui donne le goût de vivre et d’aimer. […]
Être souvent un peu plus exalté que de raison, être heureux sans cause, n’est-ce pas là une douce ébriété que nous devons à la musique ? »
Vladimir Jankélévitch, Philosophe et musicologue
 
 
« La musique souvent me prend comme une mer », écrit Charles Baudelaire, traduisant le souffle de la musique qui nous entraîne au gré du vent dans un voyage avec nos affects et tend notre corps comme la voile d’un bateau :
 
Je sens vibrer en moi toutes les passions
D’un vaisseau qui souffre ;
Le bon vent, la tempête et ses convulsions
Sur l’immense gouffre
Me bercent. D’autres fois, calme plat, grand miroir
De mon désespoir !
                                                                       Charles Baudelaire, La Musique, in Les Fleurs du Mal
 

Propositions d’écriture
Choisissez l’une des propositions suivantes :
 
1/ Réécoutez votre air favori et composer en correspondance un texte libre de votre choix…
2/ Réécoutez une musique que vous aimez, laissez venir les images dans votre tête, notez-les, puis proposez-nous un page d’images musicales en écriture…
3/ Racontez-nous les moments de votre vie où la musique fut importante, réconfortante, essentielle…
(Récit personnel, ou texte de fiction dans lequel un personnage se raconte…)

Une musique qui n'était plus funèbre.../ Sylvie Petel
 
C'était dans le Premier arrondissement de Paris, là où j'avais mes habitudes hebdomadaires dans ce quartier luxueux. Rue Saint-Honoré ou j'admire toujours cette belle église, l’église Saint-Roch où un hommage a été rendu à Yves Saint-Laurent. J'avais décidé de profiter de ce Tout-Paris tumultueux qui nous proposait toujours l'insoupçonnable. C'était un billet que je pris afin d'écouter le requiem de Mozart avec orchestre et solistes. Bien sûr je n'étais pas la seule, il fallut se frayer un chemin et c'est debout que je m'installais pour profiter du moment. L'orchestre s'échauffa quelque peu, puis vint le moment tant attendu. Cette musique qui se dit funèbre ne l'était plus. Elle profita de ces majestueuses pierres pour rebondir, nous donnant à entendre non seulement les musiciens mais aussi les échos qui pénétraient votre propre corps. C'était comme si j’avais été comme par magie surélevée dans ces rosaces, je ne touchais plus terre. Tout mon corps frissonnait, ma tête était enfin délivrée de ce carcan qui vous enferme dans la vie. Enfin, je touchais du doigt ce qui s'appelle la beauté. Mes expériences avaient banni ce mot comme n'existant pas, je venais de le découvrir. Cette musique avait balayé d'un seul trait le pourquoi de mes rendez-vous parisiens.

Faire résonner le plaisir de mes passions / Noëlla Redais
 
 
Ma musique est holistique, elle résonne dans tout mon être.
Elle a enrichi ma vie de symphonies intérieures qui crescendo sont devenues des voyages multisensoriels.
Mon premier souvenir fut "Ma p'tite musique de nuit" orchestrée par ma très chère Grand-mère. Blottie contre son cœur, je posais la main sur son avant-bras pour sentir la chaleur de sa peau. Elle battait la mesure avec l'un de ses pieds, me berçait en chantant, chantonnant, murmurant pour que mes nuits soient douces.
Elle battait la mesure avec la paume de sa main, entre deux " Olé".
J'avais trouvé mes percussions, il fallait que ça claque, ça claque, ça claque.
Claquement de mains, de doigts, pieds, et ces sons qui s'échappait puissant et fier, Olé". 
Mon corps se réveillait, s'éveillait, animé par des variations rythmiques. Pour vibrer plus fort, je subtilisais les chaussures de ma mère. Les talons sur le carrelage claquaient, claquaient, claquaient en même temps que mes petites castagnettes aux creux de ma main. Les volants de ma longue jupe, fougueux, volaient, s'emballaient entre deux "Olé" et les éclats de rire.
Elle battait la mesure avec son bâton, "première, seconde ... Plié, tourné, sauts de chat", accompagné au piano. J'éprouvais une telle joie en découvrant les univers enchantés de Tchaïkovski, Prokofiev, Delibes, Chopin.... Toutes ces musiques de ballets me donnaient des "ailes". J'avais cinq ans et demi, je rêvais de devenir danseuse étoile à l'Opéra de Paris.
Passionnée, passionnée, passionnée, je dansais, dansais, dansais émerveillée.
Ces escapades musicales m'entraînaient vers de nouvelles contrées, féériques, et poétiques. 
Les pirouettes à perdre haleine, les arabesques majestueuses me racontaient des histoires.
J'imaginais et dessinais mes aventures en découpant, collant, superposant, chutes de tissus, papiers, feuilles, fleurs, paillettes pour que mes histoires brillent de mille feux, illumine ma vie de p'tite ballerine.
Toujours en quête d'évasion et de sensations, je virevoltais de plus en plus haut pour explorer la palette de mes émotions.
 
Ressentir leurs forces, leurs pouvoirs afin de faire résonner le plaisir de mes passions.

 LA MUSIQUE ET DES PAROLES BIEN CHOISIES
TOUCHENT LES CŒURS / Cécile Hamy
 
 Je note régulièrement mes ressentis quant aux paroles, aux sons écoutés.
“Even you crying you beautiful too” All of me John Legends.
Voilà ce que cette chanson d’amour m’évoque :
Je suis claire dans mes demandes à l’univers, mon cœur éclate de joie et l’amour m’envahie, heureuse d’avoir reconnu mon chemin et ma voie.
Il y a aussi l’histoire du Chamane IZ, over the Rainbow.
Il chante qu’il a écouté mon souhait et que ce dernier a été exaucé, entendu au-dessus de l’arc en ciel. Mon vœu a toujours été le suivant :
L'harmonisation des souhaits et désirs de chacun, en vue de la paix pour tous.
C'est certain que la musique, les chansons me parlent ; elles évoquent ma vie sans scrupule et la plupart me correspondent bien.
Have i the courage to change ?
Même Sia pose la question du changement à opérer et du courage à déployer pour ce faire. Il s’agit de faire efforts chaque jour face à soi-même. Et bien d’autres encore, vous imaginez bien.
En effet la musique et des paroles bien choisies touchent les cœurs et nous font voyager, c’est universel et gratuit.
Ceci dit, la musique nous fait vibrer en fonction de notre état du moment. Elle peut même nous surprendre dans nos émotions, la musique n’est pas si anodine que cela.

  • LA MUSIQUE/ Troisième proposition / Joël Hennequin

  • Sur la musique, je partage entièrement les affirmations de Charles Baudelaire :
    « Je sens vibrer en moi toutes les passions, me bercent, grand miroir de mon désespoir » et de Vladimir Jankélévitch « Dans la musique s'exprime la puissance du charme, qui donne le goût de vivre et d'aimer, être souvent un peu plus exalté que de raison, être heureux sans cause, n'est-ce pas là une douce ébriété ? »
     C'est bien un voyage intérieur, pour nous perdre et nous retrouver. Je n'ai aucun scrupule à être consommateur puisque cela me procure de la joie et du bonheur, et que je choisis ce que je veux écouter.
    Il ne s'est pas passé une journée et il ne se passeras pas une journée de ma vie sans quelques minutes, heures à écouter de la musique.
    Enfant mon plus beau cadeau de Noël à l'âge de dix ans, fut un tourne-disque avec trois quarante-cinq tours. (Les Beatles, les Rolling Stones et Johnny).
    Je suis très éclectique, à l'exception du rap (sauf les deux frères de Toulouse que mon fils m'a fait découvrir : Biflo et Oli et Soprano).
    Pour la musique classique, j'aime que quelques morceaux bien précis comme Le Boléro de Ravel, la Moldau de Smetana, les quatre saisons de Vivaldi, Mozart, Beethoven et Berlioz.
    Par-dessus tout j'adore les concerts, cette communion avec le public, l'ambiance, l'artiste qui donne tout, sort ses tripes. Sur scène il n'y a pas de faux semblant, de trucages, de playback. Il y a de véritables bêtes de scène comme Tina Turner ou Johnny Halliday…
     
    De nature réservé, un peu timide, prenant du recul, n'exprimant pas mes sentiments avec exaltation, je délire complètement en concert, je chante, je crie, je pleure, je tape des mains, je saute, je suis au septième ciel, j'ai des frissons. Je suis euphorique pendant plusieurs jours.
    Je suis allé voir : Georges Moustaki, Maxime Leforestier, Tachan, Yves Duteil, Graeme Allwright, Johnny Halliday, Tina Turner, Zaz, Nolwenn Leroy, les Compagnons de la chanson, Joan Baez.
    En 2019 j’ai assisté à deux concerts de Zaz, tellement enthousiaste à Paris, que j'ai pris un billet à Lyon avec train et hôtel. À Lyon comme une groupie adolescente, j'ai abandonné mon siège pour aller suivre le concert debout au pied de la scène, et certainement elle a repéré que j'étais le plus vieux, elle s'est penchée et a mis sa main sur mon épaule : « ça va ? Vous passez un beau moment ? Et moi surpris « vous êtes formidable, Isabelle » et elle a levé le pouce !
     
    En fait la musique a été importante, essentielle dans tous les moments de ma vie, au même titre que la nature, les femmes, les randonnées, la lecture, le football, l'amitié et mes chiens.
    La musique et la lecture se sont révélées fondamentales dans un passé assez récent pour me soigner d'une dépression dont la raison principale était le déni de deux deuils de deux proches dans des circonstances cruelles.
    J'aime le rythme, le son, la voix de l'interprète, mais ce qui me touche le plus ce sont les paroles, les thèmes qui sont traitées. L'idéal c 'est quand une voix extraordinaire se marie avec un ou plusieurs thèmes. Pour moi l'exemple c'est Joan Baez.
    Et les thèmes : le deuil, la nature, les femmes et l'amour, les enfants, les animaux, les idées et la défense des droits de l'homme. Pour le deuil : Zaz « on ne s'en remets jamais » Louane « Si tu étais là ? » Tal « ADN » Soprano et ZAZ « Roule », Jean Ferrat « Tu aurais pu attendre un peu. »
     
    Est-ce que tu crois qu'on s'en remet, on vit avec, on fait semblant
    On ne s'en remet jamais vraiment, c'est une blessure sous la peau
    Tout ce silence en écho, est ce que la lumière reviendra ?
    Est-ce que tu crois qu'on oublie ?
    Qu'est-ce que tu dirais si tu étais là ? Qu'est-ce que tu ferais si tu étais là ?
     
    Des questions sans réponse, c'est ça le pire…
    J'ai des conversations imaginaires avec des êtres qui sont plus sur terre.
    Tu n'es plus là, je ressens un vide, rien n'est pareil
     J'ai mal à l'ADN, mais qu'est-ce que je dois faire pour que tu me reviennes ?
    Parfois tu sais, je retiens ma peine.
     
    Le jour se lève, la vie reprend, mon sourire leur ment, rien n'est plus comme avant, je fais semblant, je chante, je danse mais quand arrive la nuit, ton absence et ton fou rire font trop de bruit, impossible de dormir…
    Donc je roule, roule, roule, roule dans les rues de ma ville
    Larme à l'œil, la boule au ventre, je refais le monde avec des Si
    Oui, je roule, roule, roule, roule, roule, jusqu'au bout de la nuit
    J'accélère, majeur en l'air, en insultant ta foutue maladie.
    Tu aurais pu vivre encore un peu, pour notre bonheur, pour notre lumière
    Mon fidèle ami, mon frère.
    On aurait pu rire encore un peu, et dans la liste des choses éphémères caresser nos femmes et lever nos verres sans s'apercevoir qu'on était heureux.
     
    La Nature : 
    Jean Ferrat « que la montagne est belle » Pierre Bachelet « Flo » Nolwenn Leroy « Ophélia. »
    Pourtant que la montagne est belle, Comment peut-on s'imaginer ?
    En voyant un vol d'hirondelles, que l'automne vient d'arriver ?
    Avec leurs mains dessus leurs têtes, ils avaient monté des murettes
    Jusqu'au sommet de la colline
    Deux chèvres et puis un mouton, une année bonne et l'autre non.
     
    FLO c'est bien le nom que tu voulais, toi qui ressemble à la marée,
    Sur les cailloux de Saint-Malo, sous tes paupières ultra marines
    Parfois je devine la solitude des bateaux.
    Quand mon voilier s'envole sur l'eau j'ai l'impression d'être un oiseau
    Chacun est fait comme il est, chacun prend feu comme il peut,
    Chacun va son chemin jusqu'à l'endroit du destin.
    Les cheveux longs dans le courant, ondulent en caressant
    Un berceau bleu étincelant au fond de l'océan
    Sur l'oreiller blanc des abysses, je peux me laisser partir
    Si tu as rêvé dans les eaux sombres, dans la pénombre ou nage

    Aimer :
    Ophélia, « Les femmes et l’amour » 
    Jean Ferrat « Aimer à perdre la raison »
    Nolwenn Leroy « Une femme cachée « et être une femme »
     
    Aimer à perdre la raison, aimer à n'en savoir que dire,
    À n'avoir que toi d'horizon et ne connaître de saisons
    Que par la douleur du partir.
    Aimer à n'en savoir que dire, à n'avoir que toi comme horizon
     
    Il y a dans mon cœur une femme cachée, une femme qui attend, le moment et l'heure pour offrir ses présents ? Une femme cachée à l'intérieur de moi, attend que tu daignes enfin l'apercevoir. Une femme cachée prête à tous les combats voudrait qu'à son éveil tu entendes sa voix…
    Être une femme sur la terre, qu'on soit reine, qu'on soit mère ou pieds nus
    Sans prières on est toujours solitaire, le manque d'amour nous rend
    Fragile, Qu'est ce qui nous attend, au fil du temps quand s'effacent tous nos printemps ?
     
    Les animaux :
    Belle de Zaz (bande du film Belle et Sébastien et Stewball de Hugues Auffray
    Belle, tu es si belle qu'en te voyant, je t'ai tant aimé Belle que j'aime tant
    Depuis longtemps, je t'attendais. Souviens-toi du temps où tu venais
    Chaque soir pour me rencontrer   Tu sais mon amie je t'aimais.
    Tu t'en allais s'en m'écouter. Je t'attendrais en te rêvant.
     
    Il s'appelait STEWBALL c'était un cheval blanc, il était mon idole et moi, j'avais dix ans.
    Notre pauvre père avait dans la tête d'en faire un champion. Il engagea Stewball au grand prix de Saint Paul. Mais après la rivière il tomba. Quand le vétérinaire d'un seul coup l'acheva, pour la première fois je vis mon père pleurer.
     
    Les enfants
    Yves Duteil « Prendre un enfant » Nolwenn Leroy « L’Enfant assis sous la pluie «de Daniel Balavoine Maxime Forestier « Toi le frère que je n'ai jamais eu… »
    Prendre un enfant par la main pour l'emmener vers demain, pour lui donner la confiance en son pas… Prendre un enfant dans ses bras et pour la première fois sécher ses larmes en étouffant de joie…. Prendre un enfant par le cœur pour soulager ses malheurs.
     
    Le ciel enfante un soleil qui tire la mémoire de l'oubli
    Je sais que quelque part un enfant attend la pluie.
    L'enfant séché sur le sol d'Érythrée
    Il me reste l'image de ce corps meurtri qui pousse un cri
    Entends ce cri
    Entends ce cri Son lit de poussière a besoin de pluie
     
    Toi le frère que je n'ai jamais eu, Sais-tu si tu avais vécu
    Ce que nous aurions fait ensemble Un an après moi tu serai né.
     
    Les idées :
    « Imagine » de John Lennon « Je veux « de ZAZ
    « Le passeur de lumière » d’Yves Duteil « Si » de Zaz
    « Si tu savais « de Noah
     
    Imagine, qu'il n'y a aucun paradis, aucun enfer au-dessus de nous
    Imagine qu'il n'y ai aucun pays Rien à tuer ou pour lequel mourir
    Pas de religion non plus. Imagine tous ces gens vivant leur vie en paix
    Aucune possession, aucun besoin d'avidité ou de faim, une fraternité humaine
    Tu peux dire que je suis un rêveur, mais je ne suis pas le seul
     
    Donnez-moi une suite au Ritz, je n'en veux pas !
    Des bijoux de chez Channel, je n'en veux pas !
    Donnez-moi une limousine j'en ferais quoi ?
    Offrez-moi du personnel j'en ferai quoi ?
     
    JE VEUX de L'AMOUR de la JOIE, de la BONNE HUMEUR
    Ce n’est pas votre argent qui fera mon bonheur
    Moi je veux CREVER la MAIN sur le COEUR
    J'en ai marre de vos bonnes manières Je suis franche excusez moi
    Finie l'hypocrisie, moi je me casse de là, J'en ai marre des langues de bois
     
    Cette chanson je la chante tous les jours et à tue-tête
    Je connais par bonheur un PASSEUR de LUMIERE amoureux des étoiles et curieux de la terre, emportée par son rêve à des années lumières ;
    Ça me fait tant de bien de savoir qu'il existe des hommes tel que lui, qui souffre et qui résiste. Sa passion m'aide à croire à demain…
    Un, deux de Frison Roche, un soupçon d'Archimède, un grain de Moitissiez et d'Henri de Monfreid Le cœur émerveillé il m'apprend à aimer la beauté du geste.
     
    SI j'étais l'amie du bon Dieu, SI je connaissais les prières, si j'avais le don d'effacer et de tout refaire, si j'étais reine ou magicienne, princesse, fée, grand capitaine d'un noble régiment, si j'avais les pas d'un géant, Je mettrais du ciel en misère, toutes les larmes en rivières, Je sèmerai des utopies, plier serai interdit, on ne détournerai plus les regards. Si j'avais des milles et des cent, le talent, la force ou les charmes des maîtres des puissants j'allumerais des flammes, je mettrai des couleurs aux peines j'inventerai des Eden.
    Si TU SAVAIS mon frère ce que je trouve là-bas chaque fois
    Le rythme lent de la terre ou les vies passent doucement pas à pas
    Si tu savais mon frère ce qu'ensemble veut dire là-bas
     Ici nos âmes sont grises et on l'on voit ce que l'on n’a pas
    Eux tu sais quand ils disent, pas besoin de signer en bas
    Si tu savais comme chaque jour est fort là-bas, les bonheurs les misères
    Tout se partage même le moindre repas.
     
     
    Si je devais faire un choix sur un artiste se serait JOAN BAEZ
    Je l'ai découverte en préparant mon baccalauréat à l'âge de 19 ans grâce à un cadeau d'un trente-trois tours, offert par ma tante des États-Unis en visite chez mes parents.
    J'ai assisté à tous ces concerts à chaque fois qu'elle est venue en France.
    Chanteuse et activiste militante, une voix puissante et unique, figure des sixties, célèbre dans le monde entier pour ses chansons qui parlent de justice sociale, de pacifisme et des droits civiques et de l'homme.
    Elle s'est rendue au Vietnam sous les bombes, en Argentine et en Grèce du temps des Colonels. Elle a réalisé plus de trente albums.
     
    Olympia, Dimanche 3 Février 2019, à 78 ans Joan n'as rien perdu de sa grâce et de sa délicatesse et de ses combats pour la paix.
    Il parait que c'est sa tournée d'adieu mais je ne veux pas y croire, j'ai la sensation qu'elle reviendra, que je la reverrais, que c'est une partie de moi-même.
    La salle est pleine à craquer, les spectateurs n'ont plus vingt ans mais dès l'apparition sur scène de Joan, ils sont toujours aussi admiratifs que du temps où ils découvraient la beauté et la pureté de sa voix. Ils lui réservent une véritable ovation à son arrivée et à la fin du spectacle, ils ne voudront pas quitter la salle sans réclamer des rappels et des rappels. Du délire ! Elle va accepter avec une générosité et une énergie confondante.
     Elle adore cela, elle est surprise à chaque fois de cet engouement, on n'aime pas Joan Baez on l'adore, on l'a dans ses tripes, on vit Joan Baez. À 30 ans elle était jolie avec des superbes cheveux longs bruns, à 78 ans elle est toute droite dans son costume noir, les cheveux courts, gris argenté, élégante, concentrée, souriante, affable et contrairement au passé s'exprime très clairement en français. Il n'y a pas d'entracte, à son âge elle est encore capable de chanter deux heures de suite. À Lille, à la foire, il y a trente-cinq ans elle avait chanté trois heures. Je sors de la salle de spectacle à la fois euphorique et nostalgique.
    Sacco et Vanzetti  
    HERE' TO YOU
    Voici pour vous, Nicolas et Bart,
    Reste toujours ici dans nos cœurs
    Cette agonie est votre triomphe, le dernier moment est à vous
     
    Farewell Angelina     
    Brothers in arms
    Forever young          
    The night they drove old dixie down.
    We shall over come.   
    The lily of the west
    Tears in my eyes       
    Don't cry for
    Argentina
    Forever young
    BLOWING IN THE WIND            DIAMONDS AND RUST
    HOUSE OF THE RISING SUN     LOVE SONG TO A STRANGER
    DEPORTEES                                  I PITY THE POOR IMMIGRANT
    LE DESERTEUR                            THE BOXER
     
    Combien de chemins un homme doit il parcourir avant qu'on ne l'appelle un homme ? Combien de fois les boulets de canon doivent ils frapper avant d'être bannis à jamais ? Combien d'années certains peuvent-ils survivre avant qu'on leur permettre d'être libres.
    La réponse est dans le souffle du vent.
     
    Monsieur le Président, je vous écrit une lettre que vous lirez peut être
    Je ne veux pas la faire je ne suis pas sur terre pour tuer des pauvres gens
    (Le Déserteur de Boris Vian, magistralement interprétée par Joan)

  • RIMES ET NOTES / Patricia

  • Je m’avançais. Quelque chose en moi s’était remis en marche, en mouvement.
    Une pulsion de vie me dévorait à nouveau. Son besoin dépassait mon entendement.
    Qu’est-ce qui m’honorait de son élan, de sa vitalité débordante ?
    Je cherchais autour de moi, des jeux d’enfants créatifs, un soleil radieux illuminant les êtres et les choses, une peinture, une image rayonnante de couleurs et de textures, un bouquet harmonieusement composé, un texte surréaliste, un poème de René Char… Mais rien de tout cela ne se faisait un chemin dans ce matin brumeux où l’isolement m’envahissait, repliée sur moi-même. Non, rien de ce qui me servait de guide pour un voyage de bien-être.
    Non, aujourd’hui et comme souvent lors de mon adolescence, c’était une musique douce, puis forte, envoûtante, répétitive en volutes ascendantes. Un crescendo d’instruments sur une mélodie syncopée. Elle se répandait dans un murmure de confidences et se prolongeait dans l’ardeur d’un dépassement. Elle m’invitait au voyage. Celui de l’intériorité, une rencontre d’humanité, un partage des sens, une universalité… Son tempo déshabillait mes pensées tristes, estompait mes peurs, orchestrait plus précisément mes désirs et mes nouveaux choix possibles.
     
    Cette musique, comme un élixir, s’offrait à moi comme souvent dans mes heures sombres et je l’en remercie pour ce cadeau de vie…